Sorti en 2018, Je veux manger ton pancréas est un film d’animation japonais réalisé par Shin’ichiro Ushijima. Adapté d’un roman du même nom, il raconte l’histoire d’un jeune homme qui tombe par hasard, dans un hôpital, sur le journal intime d’une de ses camarades de classe. Il découvre que celle-ci n’a plus que quelques mois à vivre, ayant une maladie grave au pancréas. Sa maladie est un secret, car outre sa famille personne n’est au courant de son état qu’elle cache à l’école. Étant antipathique et solitaire, il s’approche malgré lui de cette fille à la personnalité enjouée et joyeuse.

Le film à de quoi plaire. Shin’ichiro Ushijima présente d’emblée deux personnages à la personnalité très différente et totalement contraire. On a alors droit à une romance candide et légère, qui tourne autour de l’évolution du personnage principal.
En plus, le côté graphique est très réussi, les dessins sont sympa et rappellent Makoto Shinkai. Pour couronner le tout, la bande originale et la chanson accompagnent parfaitement l’histoire.
Hélas, ça s’arrête là. Le film possède de gros défauts sur lesquels il est difficile de fermer les yeux.
À commencer par des personnages clichés. On retrouve l’habituel antipathique qui reste seul dans son coin ainsi que l’enjouée qui croque la vie à pleines dents, autant dire, rien d’innovant. Même les chara-designs n’ont rien de spécial. Heureusement que les décors savent convaincre. Le cliché des personnages trouve écho dans le cliché des situations, et donne donc à des scènes niaises et gênantes. Les situations sont prévisibles, et on sent qu’on ne fait que suivre une recette qui accuse le coup.
En plus, le film est incohérent. L’héroïne est présentée comme malade, alors qu’elle n’en a pas du tout l’air. Elle bouge normalement, vit une vie normale, et semble avoir beaucoup plus d’énergie qu’une personne lambda. Elle a une maladie au pancréas, – qui est un organe sécrétant des hormones digestives, – et elle mange et boit n’importe quoi. En plus une rapide recherche sur Internet montre qu’une personne peut vivre sans pancréas. Donc bon, facile de douter de la véracité et de la crédibilité des événements. Au final, la maladie ne semble n’être qu’une excuse pour démarrer le film.
Le pire, c’est que les intentions des personnages ne sont pas toujours claires. Les réactions et les dialogues sont parfois étranges, ce qui accentue la niaiserie de certaines scènes. Les dialogues sont trop insistants, alors que la complicité des personnages aurait été mieux servie par des silences.
Le film essaye également de répondre à la question philosophique de ce qu’est la vie. Mais malheureusement encore, ce sujet n’est que très peu approfondi, les dialogues se montrent une fois de plus gênants, et si on ajoute cela aux incohérences de la maladie, c’est la totale. Rapidement, ça part dans le bon pathos bien gras, qui tente de dramatiser les enjeux de l’histoire alors que, justement, on ne les comprend pas ces enjeux. Les thématiques ne sont traitées que de façon superficielle, et c’est vraiment dommage que le film ne soit pas allé creuser plus profondément.
Tout cela nous mène à la fin, un très léger plot-twist, qui ne change absolument rien au déroulement des événements. Il est totalement inutile et semble prouver que la maladie n’est belle et bien qu’une excuse pour exagérer les enjeux du film. Avec ou sans maladie, ça ne changeait pas grand-chose.
Je veux manger ton pancréas aurait pu être un bon film. On nous présente une romance avec du potentiel, mais il a fallu tomber dans les clichés et les incohérences, le tout en sous-exploitant les thématiques de l’œuvre. On se retrouve au final avec une sorte de Your lie in April, en moins bien.



