Spider-man 2: Far from home se finissait sur un cliffhanger, pile au moment où l’identité de Spider-Man avait été révélée au grand public. Le voilà donc confronté à la pire des situations, et découvrir comment il allait gérer ce problème avait été un des grands enjeux de ce film, attendu depuis longtemps. Mais quelle déception ce dernier film de la troisième série des Spider-Man. John Watts avait fait un plutôt bon travail avec les deux premiers volets, mais quelle fin catastrophique !

Les films du MCU – et les blockbusters hollywoodiens en général – suivent tous une recette prédéfinie qu’ils utilisent pour structurer leurs œuvres. Ce dernier Spider-Man, comme ses prédécesseurs, tombe malheureusement dans la recette hollywoodienne du grand spectacle. Il n’invente rien, il n’innove pas, bref il ne présente rien de nouveau ni d’intéressant. Mais il se démarque par un trait : il arrive à faire pire.
Déjà, le film présente des personnages aux motivations difficilement compréhensibles. Les actions de Docteur Strange, après avoir tant cherché à rétablir l’ordre, n’est pas crédible et Peter Parker est excessivement naïf pour qu’on puisse croire à ses décisions. De ces incohérences découlent que l’incipit du film n’est que superficiel et n’a été créé que pour forcer l’amorce de l’histoire. Et lorsqu’un film démarre sur des bases peu solides, on peut forcément s’attendre à ce que tout s’écroule derrière.
Car en plus, le film est prévisible, tellement prévisible que pendant 2 heures on n’a aucune surprise. Pas besoin de réfléchir plus de deux secondes pour comprendre les intentions du héros après que sa tante lui ait fait un topo sur les valeurs morales de la conscience humaine, en lui disant qu’il faut aider tout le monde, même ses pires ennemis. Finalement, difficile de s’accrocher lors des scènes d’action, difficile encore de ressentir l’émotion lors des scènes émouvantes. Après avoir entendu une phrase sortie tout droit d’un registre de répliques à blockbuster, on attend de nouveau dix minutes qu’une situation inévitable se produise, dix minutes pendant lesquelles on s’ennuie devant un film qu’on a déjà vu. Les dialogues n’aident en rien, ils sont la plupart du temps superficiels et n’ajoutent qu’une lourdeur à un film qui a déjà son poids.

Mais le plus gênant du film reste tout de même l’humour. Outre une ou deux blagues bien placées qui parviennent à faire rire, le film présente un humour exécrable. Ça ne vole pas bien haut, les répliques „comiques“ sont pour la plupart du temps dérangeantes et inutiles, que ce soit l’émission télévisée lors de la rentrée des protagonistes ou un craquage de dos mal placé. L’humour nous met même parfois dans l’incompréhension totale, au travers des réactions surjouées et parfois incompréhensibles de MJ. Docteur Strange sera au final forcé de demander s’il vous plaît pour avoir l’aide du coupable ayant presque provoqué la fin du monde par pur égocentrisme.
Le film contient également des références aux Spider-Man antérieurs, que ce soit sur l’histoire, les personnages ou les citations. Mais ce n’est pas en intégrant une référence à un autre film que le spectateur va d’office aimer ce nouveau Spider-Man. Les clins-d’œil sont au contraire une technique pour forcer la nostalgie et faire aimer la nouvelle œuvre. Un film ne s’apprécie pas par ses références à d’autres films, il s’apprécie par son contenu propre, par ses personnages ou par sa narration – trois choses que ce film rate complètement. Ainsi, le film détruit totalement une MJ prometteuse. Alors que dans les deux premiers films de la saga, elle était un peu solitaire, rebelle, essayait de ne pas être comme les autres, d’avoir un peu sa personnalité propre et son caractère, dans ce dernier film on ne retrouve aucun trait de son ancien comportement, du début à la fin. Lorsqu’on la voit la moitié sautiller comme une gamine lors de la moitié de ses scènes, à lancer du pain, on se rend compte qu’elle semble n’avoir été créé que pour le fan-service. Elle est superflue et superficielle, parle inutilement, sort une de ces fameuses „blagues“ gênantes et ne sert qu’à ajouter forcer le drame.
Quant aux effets spéciaux, ils sont réussis, mais sans plus. Loin des décors de Dune ou tout simplement du dernier Avengers: Endgame, Spider-man : No Way Home propose finalement des effets spéciaux sans grande envergure. Certaines scènes restent tout de même bien filmées, comme celle sur le revirement du personnage principal (gros plan sur le visage, ralenti, jeu des couleurs et des lumières), même si celles-ci sont rares.

Car, heureusement tout n’est pas à jeter. Une petite idée arrive à faire sortir ce film du fond de l’abîme : celle de développer le protagoniste à travers l’expérience des autres. C’est enfin dans ce troisième volet que le personnage va vraiment évoluer, et l’idée de s’appuyer sur le vécu d’autres personnages pour permettre à notre protagoniste d’aller de l’avant est bien trouvée.
Spider-man : No Way Home est donc une catastrophe quasi-totale. Une ambition démesurée couplée à la volonté de satisfaire les fans a détruit ce qui était, au départ, un début de trilogie intéressant. On se retrouve finalement devant un film trop prévisible, incohérent, avec un humour médiocre et des situations forcées. Si encore l’histoire du multivers était nouvelle, le film aurait gardé une certaine originalité, mais il ne fait que pâle figure comparé à l’excellent Spider-Man: New Generation.



