Critique film : Maquia

Maquia est un film d’animation japonais réalisé par Mari Okada, sorti en 2018 et animé par les studios P.A. Works. Le film conte l’histoire de Maquia, une fille appartenant à la race des lolphs, peuple ayant le don de vieillir bien plus lentement que les humains. Alors que son clan se fait un jour attaquer, elle parvient à s’enfuir de son village, et découvre un bébé orphelin qu’elle décide d’adopter et de nommer Ariel.

Au premier coup d’œil, le film impressionne déjà par ses graphismes. L’histoire n’a même pas commencé que le spectateur ne peut être qu’ébaubi par la beauté des décors. Le jeu des lumières, des couleurs, et l’épaisseur des traits du dessin représentent à merveille un monde médiéval fantasy, avec ses différents peuples et leur mode de vie. Des couleurs lumineuses sont utilisées pour les Iolphs et contrastent avec des nuances plus sombres et brutes pour les humains.

Puis le spectateur se retrouve plongé dans les aventures d’une fille qui adopte un enfant. Le film est loin d’une romance, tel qu’il serait possible de le penser après différents dialogues sur l’amour, non, on a une histoire naïve, candide, émouvante par les efforts de Maquia à essayer d’élever un enfant qui n’est pas le sien. Et tout en touchant à des thèmes sombres, comme la mort ou l’oppression d’un peuple, ou alors à des sujets inévitables tel la différence d’espérance de vie ou l’adoption, c’est finalement le quotidien d’une fille fébrile qui évolue constamment au fil de l’intrigue qui est suivi.

Car ce film est avant tout un récit d’apprentissage. C’est une fable, un conte, dans lequel les personnages se développent et apprennent, étant toujours en évolution. Et pour qu’une telle histoire puisse se créer, pour que les protagonistes puissent évoluer encore et toujours, le film utilise régulièrement des ellipses. Le récit se déroule finalement sur une vie entière ; on se concentre non seulement sur l’évolution de Maquia, en tant que mère adoptive, mais également sur celle de son fils, en tant qu’enfant adopté. On suit donc toutes les étapes importantes de la vie humaine : l’enfance, l’adolescence, le passage à la vie adulte, l’éducation d’un enfant. On parle de thèmes sensibles : les problèmes liés à l’adoption.

Forcément, ce genre de film tourne rapidement au drame, et inévitablement au larmoyant. Mais encore une fois, le côté dramatique n’est pas forcé grâce aux multiples ellipses, qui permettent de donner plus de rythme et de ne pas trop s’attarder sur les scènes émouvantes. L’histoire prend alors une tout autre forme ; une narration classique n’est plus suivie, mais c’est au contraire un style nouveau et original qui arrive à se montrer efficace. En plus, le film propose des mini-cliffhangers avant certaines ellipses, donnant un aspect encore plus intriguant à l’histoire.
Paradoxalement, cette narration parvient à renforcer le côté dramatique du film. Sans s’étaler en longueur mais au contraire en accentuant le drame propre de certaines scènes, elle arrive à ajouter plus d’émotion.

En plus de cela, les moments dramatiques sont contrebalancés par des scènes joyeuses, qui parviennent encore une fois à ne pas rendre le film trop larmoyant. Une chanson dans un bar ou des retrouvailles auront vite fait de faire oublier un drame antérieur.

L’animation est également réussie. Elle n’est pas très ambitieuse, mais reste travaillée et intéressante. Il y a par exemple des plans en 3D qui parviennent à bien s’intégrer dans les décors en 2D. En plus, que très peu de scènes sont sans animation ; assez souvent, les personnages de fond qui ne sont présents que pour combler sont animés, même si ce n’est que très peu. Couplé à la beauté des décors, tout le côté esthétique est vraiment plaisant.

Si le film n’a qu’un seul défaut, c’est bien sa fin. L’histoire présentée était jusqu’alors émouvante, onirique, convaincante, en même temps triste et heureuse, et parvenait à ne pas tomber dans un pathos extrême. Mais la fin casse malheureusement le parfait amalgame en tirant trop fort sur le dramatique. Le film essaye de faire pleurer le spectateur, il essaye de forcer les larmes, en plongeant dans un pathos forcé.

Maquia reste malgré cette fin un excellent film. Une narration originale, des personnages complexes, des thèmes exploités intéressants, avec une bonne animation et de très beau décors, et en plus un drame bien dosé en font un film complet qui a tout pour plaire. Malheureusement, seule la fin trahit le reste du récit en tombant dans un pathos exagéré.

Veröffentlicht von Angie

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